Réflexions philosophiques sur le film GiTS, qui paraissaient intéressantes après la tombée de la nuit.
Ghost in the Shell 2.0 suit exactement la même trame que la version 1.0 qui a maintenant plus de dix ans. On assiste au même découpage des séquences, aux mêmes paroles échangées... Les changements sont uniquement d'ordre graphique, avec ces visuels 3D intégralement refaits. En particulier, les nouvelles séquences ont une dominante de l'orange au niveau des couleurs, alors qu'à l'origine, et toujours dans le reste du film, on reste plutôt sur une dominante verte. La discussion a commencé à tourner autour des symboliques des couleurs. La question du pourquoi de ce changement en a cependant très rapidement soulevé une autre : son intérêt. En effet, à quel point peut-on estimer que notre perception d'un film est affectée par le graphisme pur ? Doit-on voir un vrai changement de perspective du concepteur ou juste une pulsion personnelle ?
On entre dans le débat de savoir si chaque parti pris a son lot d'importance. Pour reprendre l'exemple, la même discussion, pour peu qu'elle puisse être placée dans plusieurs contextes, n'a pas la même portée si elle est prononcée dans un ascenseur, dans une voiture ou lors d'un dîner aux chandelles. Il est indéniable que notre cerveau est influencé par un nombre incroyable de choses quand nous visionnons un film, depuis le jeu de lumière à l'écran jusqu'au confort de notre siège. Le tout étant de faire le tri de ce qui est vraiment marquant dans la perception globale, et ce qui ne l'est pas. Alors vert ou orange, important ou pas ?
J'aurais tendance à penser que pris indépendamment, aucun de ces éléments n'a d'importance, et que décortiquer est une perte de temps. En effet, on a un produit complet, long de plus d'une heure, que l'on ingurgite en un seul morceau, et qui nous laisse une impression sur sa totalité. On ne ressent pas du tout la même chose à voir un film en une seule fois que si on décide d'en voir une moitié, de laisser passer un mois, et de regarder la suite. Et ce même si on se souvient parfaitement de l'histoire. Le film, appelons objet ou shell, est un produit matériel fixe qui aura une impression différente sur chacun de nous, son âme ou son ghost si vous préférez. La majorité des informations que notre cerveau reçoit sont des émotions plutôt que des pensées rationnelles. Nul n'est besoin de comprendre l'art pour l'apprécier.
Une analyse complète est de toute façon tout aussi subjective. Chaque personne peut comprendre une scène donnée d'une façon différente, probablement fort différente de ce que l'auteur avait en tête à l'origine. De plus, à force de pinailler sur des effets de style, on s'enfonce dans la technique pour en oublier l'essence. Nombre de films essayent de transmettre quelque chose, et c'est au sens de ce message qu'il faut méditer et non sur sa présentation. Même s'il a été compris de façon incomplète ou contraire, cela n'a pas d'importance car les œuvres transmettent des pistes de réflexion, pas des vérités absolues.
Bref, l'important dans Ghost in the Shell est sa réflexion sur la nature d'un être humain, non la couleur de ses arrières-plans. Il aurait été en noir et blanc que son message n'aurait été altéré que dans une faible mesure. L'essentiel est le Ghost, non le Shell.
Voilà, la parole est à la défense.
PS : désolé pour les tentatives pourries de caser les mots ghost et shell partout dans le texte.