L'image de l'affiche en non-coupée, pour illustrer le contraste orange/bleuCe forum manque de critiques en bonne et due forme des merveilles méconnues de l'animation japonaise ou assimilés. Dans le but d'aider à résoudre ce problème, j'ai donc décidé d'en rédiger une. Cependant, dans une crise d'originalité, plutôt que de critiquer un bon anime, j'ai décidé de décortiquer un film live basé sur une série très connue :
Dragon Ball Evolution !
Pour commencer, quel titre mes aïeux ! Evolution, qu'est-ce que cela vous évoque ? Le
Darwinisme ? Un futur post-apocalyptique ?
Une variante d'une série connue avec des héros adolescents lycéens ? Ne cherchez plus, c'est du côté du dernier sens qu'il faut chercher.
Et oui, après avoir modernisé la franchise
Street Fighter avec le légendaire film
Street Fighter : la légende de Chun-li, racontant l'histoire d'une pianiste blanche qui fait du mauvais kung-fu, la FOX a décidé de s'attaquer au mythe
Dragon Ball.
Pour commencer, quelques modifications scénaristiques mineures se sont révélées nécessaires. En effet, Dragon Ball est une vieille série, et pour intéresser le spectateur de ce siècle, il fallait bien la moderniser. En particulier, un héros enfant n'est pas crédible, il faut le vieillir un peu. Et bien évidemment, il doit aller à l'école, du moins au début, pour montrer l'exemple aux têtes blondes. Et finalement, il était nécessaire que les rednecks américains puissent se reconnaître en lui. La solution était donc évidente : transformer Sangoku en un lycéen américain blanc avec du gel dans les cheveux !
Vous êtes sûr que c'est bien le bon personnage ?Un choix de casting original n'est-ce pas ? Sangoku est donc un adolescent normal, élevé par son grand-père asiatique qui lui enseigne à éviter des bâtons. Il va au lycée, où il se fait ridiculiser par des voyous devant une jolie chinoise, Chichi. Si à ce stade, vous pensez vous être trompé de film et regarder une
mauvaise comédie sentimentale américaine pour ados, c'est parfaitement normal. Heureusement, les éléments de la mythologie Dragon Ball ne vont pas tarder à apparaître ! En effet, Piccolo, le ma absolu, ou peu s'en faut, est revenu à la vie, et il a décidé de rassembler les Dragon Ball ! Tremblez mortels ! Dans le script original, Piccolo devait apparemment être un humain normal, mais son acteur a menacé de mort le réalisateur pour avoir le droit d'être vert. Oui, il existait au moins une personne sur le tournage à avoir lu/vu la série originale.
Saurez-vous découvrir à quel personnage secondaire du manga correspond la fille ?Il n'a cependant pas réussi à convaincre les producteurs d'embaucher un maquilleur/costumier correct. Type constipé en vert envoie donc
Mme Fanservice tuer le grand-père de Sangoku. Celui-ci peut ensuite revenir à la maison, découvrir le corps de son ancêtre, et commencer le scénario d'une manière
fortement originale. Heureusement pour nous, Bulma va bientôt arriver pour lui expliquer toute cette histoire de boules à récupérer. Bulma a l'honneur d'être, par les lois de la relativité, le deuxième personnage le plus proche de son homologue papier. On ne peut que regretter le manque d'imagination du scénariste à ce sujet. Mais qui est le numéro 1 ? Et bien il s'agit de
Maître Roshi (plus connu dans nos vertes contrées sous son surnom Tortue Géniale).
Mon chèque a intérêt à être à la hauteur du criard de ma chemise !Une pensée émue pour
Chow Yun-fat, bon acteur, et boule de charisme dont les nombreuses répliques inimaginables seront la seule planche à laquelle s'accrocher durant une bonne demi-heure de film pour ne pas couler dans un océan d'ennui. Il expose non seulement l'intégralité du scénario, mais également toute la philosophie profonde du film. En effet, au-delà du mauvais kung-fu et des mauvais effets spéciaux, DBE est un film à message. Il parle de la découverte de la sexualité, de la peur des changements de son organisme, de l'impuissance. Roshi explique ainsi à Sangoku que pour maîtriser l'aérokinésie (surnom de la tectonique dans ce film, sûrement pour éviter des droits commerciaux), il doit d'abord faire grossir et maîtriser son ki. Mais Roshi est vieux, et comme il le dit lui-même, son "ki se ratatine". L'aide de Chinoise dans une pièce sombre éclairée à la bougie sera beaucoup plus efficace que tous les conseils du vieux sage pour faire gonfler le ki de Gel dans les cheveux. Accessoirement, cette gente demoiselle se tape toutes les scènes de baston pendant que le héros n'en glande pas une.
D'habitude, c'est pas Ryu contre Ryu plutôt que Chun-Li contre Chun-Li ?Fait étrange, lorsque vous serez arrivé à cette scène, il ne restera plus que la fin du film, fascinante allégorie sur la relativité du temps, puisque que je suis incapable de me rappeler comment le réalisateur à réussi à remplir la première heure et quart. Je ne vous gâche pas la surprise du final, avec ses effets spéciaux hallucinants d'After Effects, ses déguisements achetés au marché aux puces, et sa maîtrise des arts martiaux pour les nuls.
Que conclure sur Dragon Ball Evolution ? Que c'est un film fascinant. Plutôt que de faire une adaptation directe du manga, en supprimant éventuellement les passages trop kitch pour être crédibles avec de vrais acteurs, le réalisateur a décidé, peut-être sous la pression des producteurs, de nous pondre un "blockbuster américain" dans le sens le plus clichesque et méprisant que l'on puisse donner à cette réplique. De plus, le maigre pécule du film a dû disparaître dans le salaire des quelques acteurs compétents, car on n'en voit nulle trace à l'écran. Malgré sa nullité crasse, cette création est un poil trop molle pour être appréciée comme un vrai nanar, même si chaque mention du mot "ki" provoque des double-sens énormes jusqu'à la toute fin. Une vaste blague, sortie comme de bien entendu un premier Avril !